L'enquête publique portant sur l'implantation d'un centre de stockage de déchets ultimes à Robécourt, dans le canton de Lamarche, vient de s'ouvrir. Les opposants au projet sont mobilisés.
L'église de Robécourt a sonné le glas, mardi à 14 h. Une façon symbolique pour Madame le maire de signifier " la mort de notre village ". Explication : cette petite commune de 123 habitants a été choisi par l'entreprise Trienersys pour y implanter un centre de stockage des déchets ainsi qu'un centre de tri.
Le site de 140 hectares se trouve au lieudit « La Fennecière », en plein cœur de la forêt du Creuchot. Une jolie clairière où paissent encore les vaches d'une ferme bio. Peut-être plus pour très longtemps…
Mardi, à 14 h, l'association Accid (action citoyenne contre l'implantation d'une décharge) avait battu le rappel, invitant les opposants au projet à venir écrire leurs remarques sur les registres de l'enquête publique qui s'ouvrait en mairie de Robécourt. Elle se tiendra jusqu'au 14 mai, sous la présidence de Jean-Pierre Antoine.
Des dizaines de personnes, de Robécourt ou des villages environnants, avaient fait le déplacement. Munis de cloches ou de crécelles, ils ont marché de l'église jusqu'à la mairie, brandissant à bout de bras quelques slogans dont l'humoristique " ça cloche à Robécourt " (clin d’œil à la dernière fonderie de cloches installée dans le village jusqu’en 1939).
La mobilisation contre ce projet ne date pourtant pas d'hier. Eric Valtot, président de l'association Accid, rappelle qu'elle existe depuis mai 2005 et que l'enquête publique n'est qu'une étape, certes décisive, de la procédure. " On va mettre la pression avec tous nos arguments pour que les commissaires enquêteurs rendent un avis négatif ", affiche clairement le président.
" Le projet, qui prévoit le stockage de 110.000 tonnes de déchets par an, va complètement à l'encontre d'une politique de réduction des déchets ", ajoute-t-il. Et à l'encontre de ce qui se passe dans d'autres pays européens.
D'un point de vue environnemental, le président souligne que le projet se situe " au cœur d'une zone Natura 2000." Quant à sa localisation, en bordure du département, " elle engendrera des surcoûts de transport ".
Aujourd'hui sous les feux de l'actualité, le président Eric Valtot ne se sent pourtant pas plus en première ligne que d'autres sites pressentis. Le slogan : " Ni ici, ni ailleurs mais autrement " résume la philosophie d'Accid et des autres associations anti-décharge du département, qui ont décidé de se serrer les coudes, formant même un collectif.
Dans son combat, les anti-décharge de Robécourt bénéficient également du soutien des élus du secteur : en premier lieu, Régine Thomas, maire du village, qui a toujours clamé son opposition à ce projet. " Ils fabriquent un projet et après ils le vendent au plus offrant ", résume Mme le maire. " Avec de l'argent, ils achètent tout. Mais à quoi sert une belle cage dorée, s'il n'y a personne à l'intérieur ? ", s'interroge-t-elle.
D'autres politiques ont apporté leur soutien, notamment le conseiller général Gérard Sancho, le député Jean-Jacques Gaultier, le conseiller régional Christian Franqueville et bien d'autres.
Mais Eric Valtot ne peut s'empêcher de pester contre le temps perdu depuis 1999. " Le plan départemental d'élimination des déchets tablait sur 50.000 tonnes par an en 2010. On en est encore à 150.000 ! ", se désole Eric Valtot qui veut pourtant croire que les hommes politiques auront l'ambition d'aller vers la réduction des déchets.
René Nivert, 69 ans, habitant du village s'est joint au cortège des manifestants " pour le bien de tout le monde " et surtout celui des générations futures. " Il va y avoir des pollutions et puis on n'en verra jamais la fin. Pas besoin d'être bachelier pour le savoir !", résume l’agriculteur retraité.
Devant la porte de la mairie, le président de la commission d'enquête observe les manifestants et entame le dialogue. Elle sera composée de trois personnes et d'un suppléant. " Notre rôle est de recueillir les observations et de rendre ensuite nos conclusions au préfet dans un délai d'un mois ", décrypte Jean-Pierre Antoine.
Au final, ce sera au nouveau préfet Dominique Sorain de rendre un avis favorable ou défavorable au projet de décharge à Robécourt. Suivra-t-il la voie de ces prédécesseurs qui n'ont jamais donné leur feu vert à un centre de stockage dans les Vosges ?
>> Prochaines dates de l'enquête publique en mairie de Robécourt : samedi 18 avril de 9 h à 12 h ; jeudi 23 avril de 17 h à 20 h ; samedi 25 avril de 9 h à 12 h ; mercredi 29 avril de 9 h à 12 h ; lundi 4 mai de 9 h à 12 h ; jeudi 7 mai de 17 h à 20 h et jeudi 14 mai de 17 h à 20 h.
[d'après Vosges Matin | 16.04.09]