Au XIe siècle, sur fond de lutte acharnée entre le Pape et l'Empereur, l'Occident connaît une révolution qui bouleversera à jamais son visage : c'est la réforme grégorienne, inspirée du nom du pape Grégoire VII, avec des effets qui durent encore aujourd'hui.
Mais, ce que l'on sait moins, c'est que cette réforme de l'Eglise et des relations avec l'Empire, a été initiée par le pape Léon IX, Brunon de Dabo, ancien évêque de Toul, entouré de ses collaborateurs lorrains : Frédéric d'Ardenne (futur pape Etienne IX), Adalbéron de Metz, Hugues de Salins, Werri, abbé de Saint-Evre de Toul, Sigefroid, abbé de Gorze.
Les réformateurs du XIe siècle veulent corriger les moeurs, rrestaurer la discipline monastique et, de manière générale, séparer nettement dans la société les clercs et les laïcs. Ils conduisent à la "Querelle des investitures" (droit de nomination des évêques revendiqué par le pouvoir temporel), marquée par des affrontements violents.
En voulant trancher la question de l'équilibre des pouvoirs entre deux puissances - l'Empire et la Papauté -, la réforme grégorienne désacralise le pouvoir politique et conduit à un profond renouvellement des élites d'Eglise. Paradoxalement, en séparant le temporel du spirituel, elle participe à l'émergence d'un pouvoir laïc à la tête des sociétés médiévales. Marquant à jamais la Chrétienté latine, l'oeuvre des papes Léon IX, Grégoire VII et Urbain II constitue l'une des matrices du développement politique, religieux et culturel européen.
Sylvain Gouguenheim rend accessible et lumineux ce lointain passé qui façonne encore aujourd'hui notre présent.
>> La réforme grégorienne. De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde, Sylvain Gouguenheim, éditions Temps Présent, coll. Racines & Ruptures, 2010, 257 p. (18 €).