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25 août 1944-25 août 2014 : 70ème anniversaire de la libération de Paris

leclerc.JPGLe 25 août 1944 à l'aube, la 2e Division blindée (DB) du général Leclerc fait son entrée dans la capitale. Retour sur l'événement avec Christine Levisse-Touzé, historienne, directrice du musée du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la libération de Paris et du musée Jean Moulin (Paris Musées).

france,paris,libération,leclercOn lit parfois que la libération de Paris n'était pas un objectif militaire pour les Alliés, qui entendaient plutôt contourner la capitale, mais un objectif politique pour le général de Gaulle, qui souhaitait conforter la souveraineté nationale, grâce à la libération de Paris par les forces françaises. Qu'en est-il exactement ?

Christine Levisse-Touzé : La question est plus complexe qu'il n'y paraît. Le général Eisenhower, commandant des forces alliées, a donné son accord en décembre 1943 au général de Gaulle pour que ce soit une division française qui libère la capitale, et c'est précisément dans ce cadre que la division Leclerc a été envoyée en Angleterre pour parfaire son entraînement, et a débarqué le 1er août 1944. Mais le déroulement des opérations de Normandie le fait hésiter : la question du ravitaillement de la capitale - 3 000 tonnes de vivres par jour - pose notamment problème. La libération est bien néanmoins un enjeu stratégique et politique pour les Alliés : il ne faut pas laisser sur les arrières des armées un abcès de fixation allemand ; et Eisenhower ne peut pas prendre le risque que cela se passe mal à Paris, que la Résistance (qui a déclenché l'insurrection le 19 août) se fasse écraser par les forces allemandes. Pour tous, Eisenhower comme de Gaulle, il est fondamental non pas seulement de libérer, mais de sauver Paris. Il ne doit pas y avoir de pertes humaines ni de destructions importantes. Il faut que la ville soit intacte. La bataille de Stalingrad comme l'insurrection de Varsovie - où les insurgés ne bénéficient d'aucun soutien - pèsent sur les esprits.

france,paris,libération,leclercQuelle a été l'attitude des Allemands ? Ont-ils réellement défendu leur position dans la capitale ? Le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire du Grand Paris, n'a pas exécuté l'ordre d'Hitler de faire sauter les ponts de Paris...

S'agissant des ponts, je dirais qu'on n'applique pas un ordre inepte ! Von Choltitz, qui est sous les ordres du maréchal Walter Model, commandant allemand du Grand Ouest, doit laisser le champ libre au repli à travers Paris des forces allemandes de Normandie. De plus, von Choltitz ne dispose pas des hommes et du matériel nécessaires pour défendre la capitale. Son attitude est dure, mais en même temps il sait que la bataille est perdue. On ne dira jamais assez à quel point les pertes allemandes sur le front de Normandie sont énormes. Au fond, c'est la bataille de Normandie qui décide de la bataille de Paris. Il ne faudrait pas minimiser cependant l'ampleur des combats, en banlieue de Paris, comme dans les points forts où les Allemands se sont repliés. Au Majestic, les combats durent quelques heures, comme au Sénat, comme à la caserne du Prince Eugène.

france,paris,libération,leclercQu'a représenté la libération de Paris pour la France et au niveau international ?

La libération permet d'effacer la honte et l'humiliation de 1940, de montrer qu'il y a eu une France qui n'a cessé de combattre depuis 1940, et c'est évidemment essentiel du point de vue de la place de la France au sein des Alliés et de la souveraineté nationale. Dans l'immédiat, cela permet à De Gaulle et à son gouvernement provisoire d'être reconnus comme gouvernement légitime de la France par les alliés. Au-delà, cela assure la présence de la France à la table des vainqueurs et au Conseil de sécurité de l'ONU. Dans le monde, la libération de Paris est célébrée à New York, en Amérique latine où les cloches retentissent, et perçue comme un espoir à l'est de l'Europe. C'est un événement de première importance, même si ce n'est pas la fin de la guerre.

[d'après Le Point]

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