À Gaza, les hostilités reprennent et dans les rues de Paris on se bat. Attisé par des [ir]responsables – Cukierman parle de Kristallnacht ("Nuit de cristal") – le feu s’étend, les juifs de France ont peur et sur Internet les lecteurs, juifs et chrétiens, se déchaînent contre les musulmans. Auraient-ils tous la mémoire courte à ce point ? Jean-Marie Le Pen, seul homme politique à combattre l’immigration de manière constante depuis plus de trente ans, a longtemps été qualifié d’antisémite. Il serait peut-être bon de rappeler ici le rôle joué par certaines personnalités juives influentes dans la diabolisation dont il fut l’objet et partant, dans la promotion des idées favorables à l’immigration.
1984 : Bernard Stasi publie L’immigration, une chance pour la France. À sa mort en 2003, le CRIF lui rendit hommage en ces termes : « Il prônait l’intégration des immigrés et la richesse de la diversité française, à ce titre il combattait fermement les idées nauséeuses de l’extrême droite et du Front national. »
1984 : Julien Dray, parrainé par François Mitterrand mais secondé par l’UEJF 1, fonde SOS racisme. Sa mission ? Contrer le Front national.
1986 : Le journal Le Monde dans son édition du 26 mars révèle que le B’naï B’rith France a organisé des réunions avec des politiciens français de droite [Jacques Chirac ?] où ceux-ci s’engagèrent à ne passer aucune alliance avec le Front national.
1989 : Emission « Duel » sur la 5 sur le thème « L’immigration est-elle dangereuse pour la France ? » Qui oppose-t-on à Jean-Marie Le Pen? Lionel Stoleru, ancien ministre et ancien président de la chambre de commerce France-Israël.
L’antisémitisme [présumé] de Jean-Marie Le Pen justifiait-il une alliance avec une gauche et une extrême gauche soucieuses avant tout d’instaurer une société française multiculturelle dans laquelle l’héritage catholique et bourgeois finirait par se dissoudre ? Je gage que beaucoup aujourd’hui s’en mordent les doigts. D’autant plus qu’à bon droit on pourrait se poser la question de savoir si l’Islam n’a pas aussi été instrumentalisé dans un esprit de revanche séculaire des juifs contre les chrétiens, si bien illustré par la controverse ignominieuse autour du rôle du pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale et plus récemment, par la charge de Jacques Attali contre les racines chrétiennes de la France et l’existence des fêtes qui lui sont attachées.
« La division [entre juifs et musulmans] est moins profonde qu’il y paraît. Nos deux peuples sont frères, nos langues sont jumelles, nos histoires, depuis la Bible, sont parallèles. Nous avons une même vocation, que notre Dieu, celui d’Abraham, devienne le Dieu des nations. » Ce texte d’André Chouraqui, paru en 1969 dans le Droit de vivre, la revue de la LICA [aujourd’hui LICRA], est particulièrement révélateur. D’aucuns s’attendraient en effet à y voir les chrétiens figurer à la place des musulmans. En 1976, dans la même revue, on pouvait lire aussi : « Espérons que les communautés musulmanes pourront dorénavant donner à [leurs] fêtes tout l’éclat qu’elles méritent, car bien souvent elles étaient éclipsées par les fastes du Noël chrétien et leurs enfants finissaient par ne plus les connaître. » 2 Là aussi, je gage que ceux de nos lecteurs si prompts à fustiger viande halal et ramadan vont tomber de haut.
Notes :
[source : http://www.bvoltaire.fr]