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Les livres de l'été en Lorraine

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Le 16 février 1751, à Lunéville, Marie-Louise Alliot fille de l'intendant de Stanislas, épouse en grande pompe un jeune conseiller à la Cour souveraine de Lorraine et Barrois, Charles-François-Xavier Henry de Pont. Les entourent, dans la Robe, la Finance et l'Épée, leurs parents, leurs alliés. Pourtant le jour de la célébration, la mariée est en pleurs, sans mouvement et sans vie. Le soir de la cérémonie, portée au lit de force, elle jette des cris perçants à la vue de la couche apprêtée. Le mariage cette nuit-là, faut-il le préciser, n'est pas consommé ; il ne le sera pas davantage dans les mois, ni les années qui suivent. L'affaire Alliot commence... Dix ans plus tard le procès en nullité de mariage intenté par le chevalier de Pont et sa femme, qui n'ont l'un pour l'autre qu'une aversion profonde, devient un fait divers qui défraye, en Lorraine, la chronique mondaine. Entre temps la fille du conseiller aulique n'est-elle pas devenue la maîtresse officielle de Ferdinand-Jérôme de Beauvau, fils du prince de Craon et frère de la favorite en titre, la marquise de Boufflers ?
Procès retentissant aux rebondissements les plus extravagants, l'affaire Alliot, pendant plus de deux ans, va mettre en branle le tribunal de l'official à Toul, la Cour souveraine de Lorraine, le Châtelet et le Parlement de Paris. Connu à travers les sources judiciaires et mémoires d'avocats, ce procès permet de pénétrer le monde clos des grandes familles, livre les stratégies des lignages et surtout révèle un père très absolu dans sa famille, sacrifiant sans pitié la liberté de ses enfants aux intérêts supérieurs du lignage. François-Antoine Alliot, l'intendant du palais, serviteur probe, intègre et laborieux, est aussi un père très excessif, autoritaire et rigide à l'excès ; Marie-Louise en éprouvera toutes les rigueurs et son jeune frère, déporté à la Désirade, en épuisera toutes les cruautés. Parfaite illustration des abus criants du pouvoir paternel -le triomphe de l'absolutisme s'est accompagné du renforcement des pouvoirs des pères sur leur progéniture- il est déjà, en ce milieu XVIIIe siècle, un modèle archaïque ; dès la seconde moitié du siècle, le débat se nourrit des idées des Lumières ; les aspirations individuelles commencent à l'emporter sur les impératifs familiaux ; philosophes et magistrats dénoncent l'arbitraire qu'il soit royal ou familial.
Traditionnellement la sphère familiale est identifiée au privé, mais cellule de base de toute société, elle est une institution trop sérieuse pour être laissée à l'anarchie des comportements individuels. Aussi l'État, l'Église, comme le révèle l'affaire, ont-ils volontiers prêté main forte au chef de famille, fut-il comme Alliot un père intraitable, parfaite illustration de la tyrannie paternelle. Á ce titre, le fait divers est bien un fait d'histoire qui dévoile le fonctionnement d'une société, ses systèmes de valeurs, ses représentations et révèle, au-delà du cas particulier des deux héros involontaires de cette scandaleuse affaire, bien des traits collectifs d'une société en mutation.

  • Marie-José LAPERCHE-FOURNEL, Scandale à la cour de Lunéville. L'affaire Alliot (1751-1762), PUN, 2008 (15 €).
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Convoqué à l’Assemblée des notables de 1787, Michel Joseph de Cœurderoy, premier président du parlement de Nancy, est un observateur attentif. Des semaines passées en compagnie des grands du royaume et des notabilités provinciales, il rapporte des notes précises et documentées. Examen des grandes affaires financières et fiscales, discussions en coulisse, relations de propos ou réflexions sur ses contemporains, ses notes présentent un intérêt historique incontestable et une description extrêmement riche de la société de cour des dernières années de l’Ancien Régime.
Ces notes révèlent aussi une société complexe, partagée entre un monde qui disparaît et des idées nouvelles qui peinent à se faire jour. Tous les acteurs de cette institution sont conscients de l’importance des débats, sans réaliser qu’ils participent aux derniers actes d’une monarchie sur le déclin, incapable de conduire d’indispensables réformes.
En tirant des archives de Lorraine ces pages qui dormaient depuis deux siècles, Marie-Thérèse Allemand-Gay offre au lecteur une nouvelle approche de l’histoire locale et nationale. Son introduction, solidement documentée et très vivante, donne toutes les clefs utiles pour comprendre le déroulement et l’intérêt des délibérations des notables.
Leurs travaux, loin d’être stériles, préparent les décisions des États Généraux de 1789 et celles de la Constituante.

  • L'assemblée des notables de 1787 et l'esprit de réforme. Les réflexions de Michel Joseph de Coeurderoy, premier président du parlement de Nancy, Marie-Thérèse Allemand-Gay, PUN, 2008 (18 €).

Ouvrages à commander aux Presses Universitaires de Nancy : http://www.lcdpu.fr/editeurs/pun/

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