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clarisses

  • Une première pierre « blanche » sur le site de la chapelle de Ronchamp (Haute-Saône)

    L'architecte italien Renzo Piano présentait ce 8 septembre la « version définitive » de son projet de construire un couvent pour des religieuses clarisses à proximité de la chapelle franc-comtoise de Ronchamp.

    projet chapelle clarisses.jpgIls avaient prévu de poser la première pierre de l'édifice ce 8 septembre... Finalement, les initiateurs du projet de couvent sur les pentes de « Notre Dame du Haut » ont dû se contenter, hier après-midi, de « marquer cette date d'une pierre blanche » !

     

    Pas de péché d'orgueil. Alors que les dernières incertitudes sur les garanties de financement de l'édifice doivent encore être levées, les « Amis de Sainte-Colette » et l'« Œuvre Notre-Dame du Haut » s'en sont tenus à la présentation de la mouture « définitive » du projet. Déjà une première victoire arrachée sous la forme d'un consensus entre les pulsions édificatrices du célèbre architecte italien Renzo Piano et la Fondation Le Corbusier, dont une frange critiquait l'implantation du couvent de La Fraternité des Clarisses de Besançon dans l'environnement immédiat de la chapelle.

     

    Mgr Lacrampe, archevêque de Besançon, pouvait ainsi porter la bonne parole dans une ambiance céleste... et sous les applaudissements de quelque 300 fervents réunis à Ronchamp en cette date de pèlerinage annuel du diocèse. « Depuis hier soir (dimanche), nous pouvons considérer que le projet est achevé », annonçait, en guise de préambule, le prélat. « On a souffert, mais la créativité, c'est aussi la souffrance. Si les débats sont quelquefois irritants, c'est aussi une chance », résumait, avec une finesse qu'il sait aussi manier dans l'architecture du langage, Renzo Piano.

     

    Humble, truculent, jouant sa partition entre humour et poésie un peu à la manière d'un Roberto Benigni, le « créateur » génois livrait ainsi quelques réflexions fournies par trois années de travail sur l'un des projets les plus « modestes » qu'il n'ait jamais eu à mener. « Je n'avais jamais fait un monastère pour douze sœurs. Pour moi, c'était incroyable ! », en sourit encore celui que l'Histoire retient notamment comme le créateur du Centre Georges-Pompidou.

     

    « Au départ, avec mon équipe, nous étions réticents, nous avions peur de nous confronter à une œuvre d'une telle beauté », explique celui qui finit par accepter, un demi-siècle après Le Corbusier, un exercice de style sévèrement cadré. Enfoui, suffisamment distant, volontairement dans l'ombre du « génie » suisse... « Solidaire » de la chapelle de fameuse renommée. « Ce n'est pas qu'on a honte, il ne s'agit pas de se cacher. Mais on ne pouvait pas créer une présence trop forte ici. Cette attitude timide n'est pas de la peur », décrit-il aujourd'hui la démarche dans laquelle il a abordé ce lieu d'une « merveilleuse intériorité ».

    Une colline inspirée

    chapelle ronchamp.jpgAprès des mois de discussions, Renzo Piano lui appliquera ainsi sa griffe : un couvent finalement situé à une centaine de mètres en contrebas de la chapelle du Corbusier, sous cette « terre (qu'il a) voulu soulever » pour « faire respirer cette colline inspirée ». Cette place « hautement poétique » captant la lumière entre les arbres. Pour ce faire, Renzo Piano a non seulement accepté les règles techniques, mais également financières. Donnant à son ouvrage un sens quasi mystique. « Nous ne faisons pas semblant d'être pauvres. Nous sommes pauvres ! La frugalité fait partie du projet », assure l'architecte.

     

    Et, finalement, cela tombe plutôt bien pour un bâtiment d'un coût total de 12 millions d'euros, dont les promoteurs devront encore trouver des garanties à hauteur de 6 millions d'euros (le diocèse se portant caution à hauteur de 3 millions d'euros ; la caution provenant de la vente de l'ancien monastère historique des Clarisses de Besançon).

     

    Quant à savoir si le nouvel édifice portera l'empreinte d'un croyant, Renzo Piano livre lui-même sa réponse : « Je suis un laïc avec beaucoup de doutes. Et les doutes, ce n'est jamais mauvais pour construire des églises... »

     

     

    [d’après L'Est Républicain | 09.09.2008]